idées émises par moi paraîtront étranges et obscures, et même contradictoires, et elles le sont en réalité, mais pas entre elles : ces idées contredisent toute notre vie et, malgré nous, le doute nous vient sur la question de savoir qui a raison. Sont-ce les idées qui paraissent justes, ou la vie des millions de gens, la mienne entre autres ? C’est ce sentiment-là que j’ai éprouvé moi-même à un degré supérieur quand j’ai écrit ma nouvelle. Je ne m’attendais pas à ce que le cours de mes idées m’amenât où il m’a mené. J’étais terrifié par mes propres conclusions ; je voulais ne pas y croire, mais il m’a été impossible de me dérober à la raison et à la conscience, et, aussi étranges, aussi contradictoires que puissent paraître ces conclusions à toute l’organisation de notre vie, aussi contradictoires qu’elles soient à ce que j’ai pensé et dit auparavant, j’ai été obligé de les reconnaître.
Mais l’homme est faible ; il faut lui donner une tâche d’après sa force, dit-on. C’est la même chose que de dire : « Ma main est faible ; je ne puis pas tracer une ligne qui soit droite, c’est-à-dire la plus courte dis-