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mariage comme institution chrétienne, c’est-à-dire de définir les conditions extérieures où l’amour corporel peut soi-disant être sans péché et absolument légal, sans avoir établi de solides institutions extérieures, elles ont privé l’humanité de l’idéal conducteur du Christ. Il en est résulté que les gens de notre monde ont quitté une rive et n’ont pas abordé l’autre : ils ont perdu le véritable idéal de chasteté donné par le Christ, et c’est extérieurement seulement qu’ils ne croient pas au sacrement du mariage basé sur rien. De là ce phénomène, qui paraît d’abord étrange, que le principe de famille de la fidélité conjugale est plus solide chez les peuples qui reconnaissent des doctrines religieuses extérieures, chez le juif, chez le musulman, que chez le soi-disant chrétien. Ceux-là ont des définitions extérieures du mariage claires et précises, tandis que les chrétiens n’en ont aucune. Ce n’est que rarement qu’on fait faire par le clergé, pour une certaine petite partie des relations sexuelles qui se pratiquent en réalité, une certaine cérémonie nommée mariage ; mais, les hommes de notre société vivent pour le