logis. Ce soir je m’endormis tout de suite, mais, comme il arrive parfois, une espèce de choc brusque m’éveilla. Je songeai immédiatement à elle, à mon amour corporel envers elle, à Troukhatchevski et à ce qu’entre eux tout était fini ! Et une rage me serra le cœur et je tentai de me tranquilliser :
« Que c’est bête, me disais-je, il n’y a aucun motif, il n’y a rien. Et pourquoi nous humilier, elle et moi, et surtout moi, en supposant de telles horreurs ! L’espèce de violoniste mercenaire connu comme un mauvais homme en face d’une femme respectable, une mère de famille, ma femme, quelle ineptie ! » Mais d’autre côté : « Pourquoi cela n’arriverait-il pas ? » me dis-je.
« Pourquoi ? N’est-ce pas le même sentiment simple et compréhensible au nom duquel je me suis marié, au nom duquel je vivais avec elle ; la seule chose que je voulais d’elle, et ce que par conséquent désiraient les autres et ce musicien aussi… Il n’est pas marié, bien portant (je me souviens comment craquaient les cartilages de la côtelette et