Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Pavlovsky.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et au lieu de résister je me fouettai, je m’aiguillonnai et je fus heureux de me sentir bouillir de plus en plus.

— « Va-t’en ou je te tue ! criai-je exprès d’une voix épouvantable, et je la saisis par le bras. Elle ne partit pas. Alors, je tordis son bras et je la repoussai avec violence,

— « Qu’as-tu ? Reviens à toi ! dit-elle.

— « Va-t’en ! rugissais-je plus fort encore, en roulant des yeux farouches. Il n’y a que toi pour me mettre dans de telles fureurs, je ne réponds pas de moi, va-t’en ! »

En m’abandonnant à ma colère, je m’en abreuvai et je voulus me livrer à quelque acte violent pour montrer la force de ma fureur ; j’avais une envie terrible de la battre, de la tuer, mais je me rendis compte que cela ne se pouvait pas et je me contins. Je m’éloignai d’elle, je m’élançai vers la table, je saisis un presse-papier et je le jetai à côté d’elle par terre. Je visai soigneusement à côté, et, avant qu’elle disparût (je le faisais pour qu’elle le vît), je saisis un chandelier