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était surtout un moyen d’oubli, une ivresse, comme pour moi la chasse, les cartes, mes fonctions au Zemstvo. Il est vrai qu’outre cela j’avais, moi, une ivresse proprement dite : le tabac, que je fumais en quantité considérable, et le vin, avec lequel je ne me grisais pas, mais dont je prenais trop, du Vodka avant les repas, et pendant le repas deux verres de vin, de sorte qu’un brouillard perpétuel me dissimulait les tracas de l’existence.

Ces nouvelles théories de l’hypnotisme, des maladies mentales, de l’hystérie, tout cela n’est pas une bêtise simple, mais une bêtise dangereuse ou mauvaise. Charcot, je suis sûr, aurait dit que ma femme était hystérique. Et de moi il eût dit que j’étais un être anormal, et il eût voulu me soigner, mais il n’y avait rien à soigner en nous. Toute cette « maladie mentale » était le simple résultat de ce que nous vivions immoralement. Grâce à cette vie immorale nous pâtissions et, pour étouffer nos souffrances, nous essayions des moyens anor-