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n’est pas soumise aux conditions pervertissantes auxquelles nous sommes soumis. Elle n’a ni les cigarettes, ni le vin, ni les cartes, ni les camaraderies, ni les établissements publics, ni le fonctionnariat. Et puis, ce qui est le principal, elle est corporellement pure. Voilà pourquoi, en se mariant, elle est supérieure à son mari. Elle est supérieure à l’homme étant jeune fille, et quand elle devient femme, dans notre milieu, où l’on n’a pas besoin de travailler pour vivre, elle devient supérieure aussi, par la gravité de l’acte de générer, d’accoucher et de nourrir.

La femme en mettant au monde des enfants, en donnant le sein, voit clairement que son affaire est plus sérieuse que l’affaire de l’homme qui siège au Zemstvo, au tribunal ; elle sait que, dans ces fonctions, l’essentiel c’est l’argent, et l’argent, on peut le gagner par différents moyens — et pour cela même l’argent n’est pas fatalement nécessaire comme de nourrir un enfant. Aussi la femme est-elle nécessairement supérieur à l’homme et doit le dominer. Mais