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aiment, et croient bon et juste, de profiter du labeur des autres. Cela étant donné, il se trouvera toujours des êtres plus forts ou plus rusés que les autres pour en profiter. La même chose se passe avec l’émancipation de la femme. Au fond, le servage féminin est tout dans son assimilation avec un moyen de plaisir. On excite la femme, on lui donne toute espèce de droits égaux à ceux de l’homme, mais on continue à l’envisager comme un objet de volupté, et on l’élève ainsi depuis son enfance et dans l’opinion publique.

Elle est toujours la serve humiliée et corrompue, et l’homme reste toujours le Maître débauché. Oui, pour abolir l’esclavage, il faut que l’opinion publique admette qu’il est honteux d’exploiter le prochain, et pour l’affranchissement de la femme, il faut que l’opinion publique admette comme honteuse l’idée de la femme instrument de plaisir.

L’émancipation de la femme n’est pas dans les cours publics, à la Chambres des députés, mais dans la chambre à coucher.