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mon unique droit sur elle. Enfin, quelque chose d’extraordinairement bête et lâche qui n’était ni dans mon caractère ni dans le sien.

Je me mis hors de moi, je l’accusai d’indélicatesse, tandis qu’elle m’accusait pareillement, et la dispute éclata. Dans ses paroles, dans l’expression de son visage, de ses yeux, je remarquai de nouveau la haine qui m’avait tant stupéfié naguère. Avec un frère, des amis, mon père, il m’est arrivé de me brouiller, mais jamais il n’y eut entre nous cette méchanceté farouche. Quelque temps passa, et cette haine mutuelle fut encore couverte par un flux de volupté, et je me consolai de nouveau en me disant que ces scènes étaient des fautes réparables.

Mais à la troisième, mais à la quatrième reprise, je compris que ce n’était pas une simple faute, que c’était une fatalité qui devait arriver encore. Je ne m’effrayai plus, je m’étonnai seulement que ce fût précisément moi qui vécusse si mal avec ma femme, que cela n’arrivât pas dans les autres ménages. J’ignorais que dans tous les ménages se