Je la regardai. Toute sa figure exprimait la haine, et cette haine était contre moi. Je ne puis vous exprimer l’effroi que j’éprouvai à cette vue. « Comment ! Quoi ! pensais-je. L’amour, c’est l’unité des âmes, et la voilà qui me hait ! moi ? Pourquoi ! Mais c’est impossible ! Ce n’est plus elle. »
Je tâchai de la calmer. Je me heurtai à une inébranlable et froide hostilité, tellement que, sans avoir le temps de réfléchir, je fus pris d’une vive irritation. Nous échangeâmes des propos désagréables… L’impression de cette première brouille fut terrible. J’appelle cela brouille — mais le terme est inexact. C’était la découverte soudaine de l’abîme qui s’était creusé entre nous. L’amour était épuisé avec la satisfaction de la sensualité. Nous restâmes l’un en face de l’autre sous notre vrai jour, comme deux égoïstes qui cherchent à se procurer le plus de jouissances, comme deux individus qui cherchent à s’exploiter mutuellement.
Donc, ce que j’appelais notre brouille était