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bientôt déçu. J’y croyais cependant et je fis tous mes efforts pour en avoir une. Mes efforts restaient vains ; plus je cherchais le bonheur plus il me fuyait. Je fus en proie durant tout ce temps au malaise, à la honte, à l’ennui. Après vinrent les tristesses et les souffrances.

C’est je crois le troisième ou le quatrième jour que je trouvai ma femme triste ; je lui en demandai la raison en l’embrassant. Pour moi, elle ne pouvait vouloir autre chose. Elle m’écarta d’un geste et fondit en larmes. La raison ? Elle ne la connaissait pas, elle était mal disposée, énervée. La lassitude de ses nerfs lui avait révélé, sans doute, la véritable nature de nos relations, mais elle ne pouvait pas exprimer ses sentiments. Je la pressai de questions, elle me répondit à la fin qu’elle était inquiète au sujet de sa mère. Je n’y crus pas. Je me mis à la consoler, sans lui parler de ses parents. Je ne comprenais pas que les