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d’hui des jeunes gens chastes qui comprennent et savent que ce n’est pas là une plaisanterie, mais une chose éminemment sérieuse. Que Dieu les protège ! À mon époque il n’y en avait pas un sur mille.)

Tous le savent et ils agissent comme s’ils l’ignoraient. Dans les romans on dépeint jusqu’au plus léger détail les sentiments des héros, les sources, les buissons, les fleurs près desquels ils sont. En décrivant leur amour, pas un mot sur leur vie antérieure ; rien sur leurs visites dans les maisons publiques, sur les soubrettes, les cuisinières et les femmes des autres. S’il y avait des romans ainsi conçus, on ne les laisserait pas lire aux jeunes filles. Tous les hommes cachent leur pensée à eux-mêmes comme aux jeunes filles. On croirait, à les entendre, à la non-existence de cette vie corrompue des grandes villes et des villages même, de cette dé-