Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et en réalité, je n’avais pas fait le dernier pas. J’allais seul à ma ruine sans avoir jusque-là touché à un autre être humain. Il était temps encore pour me sauver. Malheureusement arriva un ami de mon frère, un étudiant joyeux, un bon garçon, comme on dit, le pire des vauriens par conséquent. Il nous apprit à boire et à jouer aux cartes ; puis, profita de ce que nous avions bu pour nous entraîner dans une maison publique. Nous l’y suivîmes. Mon frère, innocent comme moi, tomba dans cette nuit, et moi, enfant de seize ans, je me souillai, souillant en même temps l’objet de mes rêves, la femme, sans comprendre la portée de mon action, personne ne m’ayant dit que cela était mal. J’aurais pu le lire dans la Bible, où c’est écrit tout au long, mais on ne nous l’apprenait que pour que nous puissions répondre au pasteur dans les examens et elle tenait