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— Ah ! par exemple ! mais non ! permettez ! dîmes-nous, tous trois à la fois.

Le commis lui-même eut quelques mots de désapprobation.

— Oui, je sais, s’écria-t-il, vous parlez de ce que vous croyez voir, moi, je vous parle de ce qui est. Tout homme éprouve ce que vous appelez de l’amour pour une jolie femme et rarement pour sa femme à lui. D’ailleurs, le proverbe le dit, et il est bien vrai : La femme d’autrui est la pêche, la nôtre en est l’amande amère.

— Mais vous dites là des choses terribles. Les hommes éprouvent un sentiment que l’on a appelé amour et qui dure non pas des mois et des années, mais toute la vie. N’est-ce pas ? dit la dame.

— Aucunement. Supposez que Ménélas eût toujours préféré Hélène ; est-ce qu’Hélène n’aurait pas préféré Pâris ? C’est là une