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d’adresse et de ruse. Je devins une brute inintelligente, une bête féroce.

— Non, c’est inutile, dis-je à Yegor qui voulait m’annoncer. Prends plutôt ce bulletin et va à la gare retirer mes bagages. Dépêche-toi.

Il alla dans le corridor chercher son paletot. De peur qu’il ne les effrayât, je l’accompagnai dans sa chambre et attendis qu’il fût habillé.

À côté, dans la salle à manger, on entendait le bruit des voix qui se mêlait au cliquetis des fourchettes et des couteaux. Ils soupaient et n’avaient pas entendu mon coup de sonnette. Pourvu qu’ils ne sortent pas maintenant ! pensais-je.

Yegor mit son pardessus et sortit. Je fermai la porte derrière lui.

Dès que je fus seul, une anxiété profonde m’envahit à l’idée qu’il fallait agir promptement.