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que j’allais dire adieu aux plaisirs de la vie. Mais ce calme, cette absence de préoccupations, cessèrent dès que je descendis de voiture.

À peine monté en wagon, ce fut tout autre chose. Ces huit heures de chemin de fer furent pour moi vraiment terribles : je ne les oublierai de ma vie. Cela venait-il de la pensée qui me reprit en montant en wagon que je rentrais chez moi, ou de la trépidation excitante du train ? Toujours est-il que, dès que je fus en wagon, il me devint impossible de maîtriser mon imagination. Elle m’emporta à travers des images plus cyniques les unes que les autres, toutes distinctes quoique de même nature, faisant défiler devant ma jalousie portée au comble toutes les scènes qui se passaient là-bas en mon absence. Je brûlais d’indignation à la vue de ces images. La rage et je ne sais quelle ivresse