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que je ne m’étais jamais connue s’empara de mon être. Pour la première fois j’éprouvai le besoin de traduire cette rage en mouvements. Je sursautai et, sur l’instant même, je me demandai s’il était bon de me laisser emporter par mon accès. Oui, me répondis-je, ça l’intimidera. Et au lieu de combattre cette rage, je l’attisai, heureux de la sentir bouillonner en moi.

— Va-t’en, ou je t’assomme ! m’écriai-je d’une voix épouvantable en la saisissant par le bras.

Elle ne s’en alla pas. Alors je tordis son bras et la poussai violemment.

— Qu’as-tu donc, Vassïa ? dit-elle.

— T’en iras-tu enfin ! hurlai-je en roulant des yeux terribles. Tu me rendras fou ! Je ne réponds pas de moi, sors donc !

En m’y abandonnant, je m’enivrai de cette fureur, et je voulais, pour en montrer le