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sont déjà. Lisa, l’aînée, darde ses regards sur moi, les yeux pleins de questions.

Elle ne vient pas. La soirée se passe : elle ne rentre toujours pas. Deux sentiments étreignent mon âme : ma haine envers elle pour ce tourment qu’elle nous cause, à mes enfants et à moi, par cette absence sans but, puisqu’il lui faudra bien rentrer, puis la peur qu’elle n’ait attenté à ses jours.

Mais, où la chercher ? Chez sa sœur ? Ça a l’air bête d’aller s’enquérir de sa femme. À la garde de Dieu ! Et si elle a décidément besoin de tourmenter quelqu’un, qu’elle se tourmente elle-même. Mais, si elle n’est pas chez sa sœur ? Si elle se faisait, si elle s’est déjà fait quelque mal ?

Onze heures sonnent, puis minuit, une heure… Je ne dors pas. Je ne vais pas dans la chambre à coucher. Ça paraît bête d’attendre seul. Je ne repose pas non plus dans