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La crise épouvantable approche et grandit, me poussant au meurtre et au suicide. La crise est là, je la redoute comme le feu, je voudrais me retenir, la colère m’emporte. Ma femme est dans le même état, dans un état pire sans doute : elle dénature tous ses mots et y glisse comme du venin. Tout ce qui m’est cher, elle le ravale et le traîne dans la boue. La crise augmente d’intensité. Je crie : « Tais-toi », ou quelque chose de semblable. Elle se précipite hors de la chambre et court à la chambre des enfants. Pour finir ce que j’ai à dire, je veux la retenir et la prends par le bras. Je lui fais mal.

— Mes enfants ! s’écrie-t-elle, votre père me bat !

— Ne mens pas ! dis-je.

Elle continue, pour augmenter mon irritation :

— Et ce n’est pas la première fois !