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chercher la blessure de la vie. Il suffit, pour faire cesser les douleurs, de changer sa manière de vivre, sans qu’il soit nécessaire de recourir à ces procédés qui étourdissent.

C’était notre manière de vivre qui causait notre mal, les souffrances de ma jalousie, mon irritabilité et le besoin de me soutenir par cette sorte d’ivresse continuelle de la chasse, du jeu, du vin et du tabac. C’était cette même manière de vivre qui poussait ma femme vers ces occupations multiples, qui causait ses brusques changements d’humeur, — tantôt triste, tantôt d’une gaîté folle — son bavardage ; tout cela venait du besoin de s’oublier, d’oublier sa vie en un étourdissement continuel de travaux aussitôt achevés qu’entrepris.

Cette brume dans laquelle nous vivions nous mettait dans l’empêchement absolu de voir notre situation sous son vrai jour. Nous