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Les périodes de ce que nous nommions l’amour étaient aussi fréquentes qu’avant, mais plus brutales, sans raffinement aucun, moins suaves. Très courtes d’ailleurs, elles faisaient place rapidement à des moments de colère irraisonnée, d’une irritation qui ne se soutenait que par les prétextes les plus absurdes.

Les querelles, la haine naissaient à propos du café, de la nappe, d’une voiture, d’une faute au jeu, d’un tas de vétilles sans importance ni pour l’un ni pour l’autre. Pour ma part je la haïssais de toute mon âme. Je la regardais se verser le thé, remuer le pied, porter la cuillère à sa bouche, souffler pour refroidir le liquide et enfin l’avaler, et, pour cela, comme pour de mauvaises actions, je la haïssais.

Je n’avais pas remarqué la corrélation qui existait entre les périodes de haine et les périodes de ce que nous appelions amour.