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— On est trop instruit de nos jours, répéta le vieillard, ne répondant pas autrement à la question de la dame qu’en jetant sur elle un regard dédaigneux.

— Il serait intéressant que vous nous disiez quel rapport vous voyez entre l’instruction et la désunion du ménage, dit l’avocat étouffant un léger sourire.

Le marchand allait répondre, mais la dame l’interrompit :

— Non, ces temps sont passés !

— Laissez donc monsieur développer sa pensée, je vous en prie, dit l’avocat.

— Parce qu’il n’y a plus de respect, dit le vieillard d’un ton sentencieux.

— Mais comment le faire naître en unissant des personnes qui ne s’aiment pas ? Il n’y a que les animaux qui s’accouplent au gré du propriétaire. Les hommes, au contraire, sont poussés par leur sympathie, leurs