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c’était elle, comme on dit vulgairement, qui portait les culottes et que mes efforts pour les lui enlever étaient vains. La cause de la perte de mon autorité fut les enfants. Malgré ma volonté, il me fut impossible de me dégager, de reprendre cette autorité. Elle avait les enfants, par conséquent, la domination. Je ne sentais pas alors que c’était son droit, un droit fondé sur ce que, à l’époque de notre mariage, elle était moralement de cent coudées au-dessus de moi, de même que toute jeune fille est d’autant plus supérieure à son mari qu’elle est plus pure.

Et notez bien ceci, c’est que les femmes, dans notre monde particulièrement, sont en général des êtres pervers, sans force morale, égoïstes, bavards, têtus, tandis que les jeunes filles, à l’âge de vingt ans à peu près, et nous en voyons des exemples tous les jours, sont portées à toutes les actions élevées et idéa-