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dant, curieux de savoir ce que dirait le vieillard.

La conversation semblait également intéresser mon voisin, le monsieur nerveux, car, sans se déranger, il tendit l’oreille.

— En quoi est-ce la faute de l’instruction ? dit la dame esquissant un sourire ; vaudrait-il mieux se marier comme jadis, quand les fiancés ne s’étaient même pas vus avant le mariage ? continua-t-elle, répondant, comme le font très souvent les femmes, non aux arguments invoqués, mais à ceux qui auraient pu l’être. — S’aimaient-ils ? pourraient-ils s’aimer ? ils ne le savaient pas : les femmes épousaient le premier venu et se créaient ainsi un tourment pour toute leur existence. À votre avis, était-ce préférable ? poursuivit-elle, s’adressant plus à l’avocat et à moi qu’au vieux monsieur avec qui elle avait lié conversation.