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Les enfants sont pour elles un tourment non par leur naissance, leur allaitement et les soins qu’ils exigent — les femmes, et la mienne était de celles-là, ont un instinct maternel très développé qui les rend prêtes à toute éventualité — mais parce qu’ils peuvent tomber malades et mourir. Si elles craignent l’enfantement, ce n’est pas qu’elles refusent leur amour aux enfants. C’est qu’elles ont peur pour la santé et la vie de l’enfant bien-aimé. C’est pour cette raison qu’elles ne veulent pas nourrir. « Si je le nourrissais, se disent-elles, je m’y attacherais trop, et s’il mourait après… ? » Elles préféreraient presque des bébés en caoutchouc, point exposés à tomber malades et à mourir, et facilement réparables. Quelle confusion dans la tête et dans le cœur de ces pauvres femmes ! Pourquoi évitent-elles d’avoir des enfants ? De peur de trop aimer.