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lui déplaire, je parlais d’autre chose. Même histoire ! Elle s’irritait encore plus à propos d’un mot. Surpris, j’en cherchais la raison : rien ; elle me répondait par monosyllabes, par allusions et passait à un autre sujet. Je me prenais à deviner alors que toute sa mauvaise humeur pouvait bien venir soit de ce que je m’étais promené au jardin avec sa cousine qui m’était totalement indifférente, soit d’une cause analogue. Je devinais bien, mais je ne le disais pas. Le dire, c’eût été attiser ses soupçons. Je l’interrogeais, suppliant : elle se taisait et, devinant que j’avais compris, ses soupçons se confirmaient.

— Qu’as-tu donc ? lui demandais-je.

— Rien. Je suis comme toujours, répondait-elle ; et pourtant elle s’emportait comme une folle, tenant des propos déraisonnables et sans fondement.

Parfois on faisait preuve de patience ;