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je ne peux que la maîtriser, puisque je n’ai point de raisons d’être jaloux, et que je le sais.

On s’assied à côté d’elle, on joue à l’indifférence aussi et on comble le jeune homme de prévenances et de politesses. Puis, mécontent de soi-même, on veut quitter la chambre, la laisser seule ; on sort effectivement. À peine sorti, une pensée terrible vous saisit : « Que se passe-t-il là-dedans ? » Alors on rentre, sous le premier prétexte venu, ou bien on ne rentre pas et on écoute à la porte.

Comment peut-elle s’avilir et m’avilir moi-même en me jetant dans cette humiliante situation d’espion, si triviale, si bestiale même ?

Et lui ? Lui ! Il est comme tous les hommes, comme j’étais avant mon mariage. Il reste content. Il sourit et me regarde en ayant l’air