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sens le plus général du mot : c’est un drame paysan, dont la langue spéciale ne saurait être comprise par les « citadins », comme dit Tolstoï, confondant dans le même dédain artisans et bourgeois.

La littérature russe possédait déjà, dans ce genre, divers chefs-d’œuvre, tels que Les Récits d’un chasseur de Tourguénef, des contes rustiques de Rechetnikov, de Glieb Ouspensky, de Dostoïevsky et de Léon Tolstoï lui-même, où la vie des paysans russes est étudiée avec une simplicité véridique et saisissante. Quant au drame populaire proprement dit, il est dignement représenté par les pièces d’Ostrovsky, La Triste destinée de Pissemsky, Autour de l’argent de Potiékhine, etc. ; mais nul, jusqu’ici, de l’aveu de la critique russe presque tout entière, ne nous avait donné une impression aussi intense et aussi juste des ténèbres qui pèsent sur l’esprit d’une partie des moujiks.