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même que les théologiens font un effort en ce sens, leurs essais n’obscurcissent que davantage le débat. Et ainsi, peu à peu, on s’habitue à penser qu’on ne doit pas se fier à la raison, que tout est possible, que l’homme ne possède aucun moyen de distinguer par lui-même le bien du mal, le mensonge de la vérité, et que dans ses actes il doit se guider non par sa propre raison, mais suivant les indications d’autrui.

Il est aisé de comprendre ce qu’une éducation aussi monstrueuse peut produire, surtout lorsqu’on sait que cet état d’âme est maintenu a l’âge adulte par l’hypnose qu’emploie le clergé. S’il arrive à un homme d’esprit ferme de s’affranchir, après de longues souffrances et efforts, de l’hypnose où il était maintenu depuis son enfance, la déformation intellectuelle ne saurait ne pas laisser de traces dans son cerveau, comme l’empoisonnement de l’organisme physique ne saurait ne pas se ressentir, même lorsque l’action d’un poison a cessé. Libéré du mensonge, et par haine de ce mensonge, il acceptera naturellement la doctrine la plus