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dire qu’une pareille affirmation déconcerte au premier moment. Mais après avoir réfléchi, et n’ayant trouvé dans les livres qui exposent cette théorie étrange aucune preuve à l’appui, tout lecteur sensé doit la rejeter et s’étonner seulement qu’il n’y ait point de bêtise qui ne trouve pas aujourd’hui un éditeur pour la publier.

En réalité, la plupart des hommes soi-disant lettrés examinent avec tout le sérieux possible la théorie du surhomme et considèrent son auteur comme un grand philosophe, héritier de Descartes, de Leibnitz, de Kant.

La raison de ce fait étrange ? C’est que la majorité des gens prétendus cultivés n’aiment pas qu’on leur parle de la vertu, — dont la base est l’abnégation, l’amour, — qui gêne leur vie de jouisseurs, et ils sont fort heureux de trouver la justification de leur bonheur et de leur grandeur, au détriment des autres, dans une doctrine d’égoïsme et de cruauté, si défective et incohérente soit-elle.