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et comment il doit faire vacciner ses enfants, quelles mesures il faut prendre si une épidémie atteint lui, sa famille ou ses animaux, à quelles écoles il doit envoyer ses enfants. On définit les dimensions et la solidité de la maison qu’il est autorisé à construire ; l’entretien de ses animaux, chevaux, chiens ; comment il peut profiter de l’eau et où il peut marcher, en dehors des routes. On énumère les punitions qu’il encourrait pour l’inexécution de ces lois.

On ne peut dénombrer toutes les lois, tous les règlements auxquels il doit se soumettre et dont l’ignorance (bien qu’il soit impossible de les connaître) ne peut être invoquée pour sa défense, même dans le pays le plus libéral. En outre cet homme est placé en telle situation que, pour tout achat d’objets dont il a besoin : sel, bière, vin, étoffe, fer, pétrole, thé, sucre, etc., il doit donner la plus grande partie de son travail pour des besoins quelconques, qu’il ignore et pour le paiement d’intérêts de dettes contractées du temps de ses aïeux. Il doit également donner une partie de son travail, à chaque changement d’une place à l’autre, à chaque réception d’héritage, à n’importe quelle affaire entre lui et son prochain. En outre pour la portion de terre qu’il occupe, soit pour sa maison ou son champ, on exige de lui encore une grande partie de son travail.

Ainsi la plus grande partie de son travail, s’il en vit et non de celui des autres, au lieu de servir à améliorer sa situation et celle de sa famille est dépensée en ces impôts et monopoles. C’est peu. Dans la plupart des États, dès que cet homme atteindra un certain âge, on le forcera d’entrer pour quelques années dans la servitude militaire, la plus cruelle, et d’aller se battre. Dans d’autres