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mais à organiser la vie qui, découlant de la doctrine chrétienne, donnerait aux hommes le plus grand bien, non par la force brutale, mais par l’accord raisonnable et par l’amour.

Voilà l’immense portée de la victoire japonaise.


III

LE MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE EN RUSSIE


La victoire japonaise a montré aux peuples chrétiens la fausseté de la voie qu’ils suivent. Aux Russes, cette guerre, avec ses souffrances horribles, insensées, le travail et les vies sacrifiés, a montré, outre la contradiction commune à tous les peuples chrétiens, entre l’état gouvernemental chrétien et celui de la violence, l’horrible danger qu’ils courent constamment en obéissant à leurs gouvernements.

Sans aucun besoin, pour les buts personnels, inavouables, de dirigeants cupides, le gouvernement russe a jeté son peuple dans une guerre insensée qui, en tout cas, ne pouvait avoir que des résultats nuisibles pour ce dernier. Quelque cent mille vies ont été perdues, perdus les produits du travail du peuple, et la gloire de la Russie, pour ceux qui en étaient fiers, est également perdue. Et le pire est que les coupables de tous ces crimes, non seulement ne sentent pas leurs fautes, mais reprochent aux autres tout ce qui est arrivé. S’ils conservent la même situation, demain, ils pourront jeter le peuple russe dans des calamités encore pires.

Toute révolution commence au moment où la