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LA
FIN DE NOTRE ÈRE




Jamais les hommes n’ont eu tant à faire. Notre siècle est le siècle de la Révolution, dans tout le sens du mot ; non la Révolution matérielle, mais la Révolution morale. La suprême idée de l’ordre social et du perfectionnement humain s’élabore.
Chenning.
Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.
Jean, viii, 32.

I

LA FIN DU SIÈCLE. — LA DESTRUCTION DU PASSÉ :
SES INDICES ET SES CAUSES


La fin du siècle, dans le langage évangélique, cela ne signifie point la fin d’une période de cent ans et le commencement d’une autre, mais la fin d’une certaine conception du monde, la fin d’une religion, d’un moyen de communion des hommes et le commencement d’une nouvelle conception du monde, d’une autre religion, d’un autre moyen de communion.

Il est dit dans l’Évangile qu’à tel passage d’un siècle à l’autre des maux de toutes sortes se produiront : trahisons, tromperies, cruautés, guerres, et qu’à cause des crimes l’amour se refroidira. Pour moi ces paroles ne sont point une prophétie surnaturelle ; elles indiquent que quand la religion, l’ordre de la vie dans lequel vivaient les hommes sera remplacé par un autre ; quand l’ancien ordre de choses croulera et fera place au