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fices… Mais l’Angleterre ne peut céder à personne l’empire des mers… » Lorsqu’on a dit cela, on admet d’ordinaire que la France, la Russie, l’Allemagne et l’Angleterre sont prêtes à tous les sacrifices, l’une pour reprendre ses provinces perdues, l’autre pour assurer son influence en Orient, l’autre pour affermir son unité, la dernière, pour dominer les mers.

On suppose que le sentiment patriotique est, en premier lieu, un sentiment inné à tous les hommes, et, en second lieu, un sentiment d’une si haute valeur morale que, au cas où il viendrait à manquer à quelqu’un, il faudrait le lui inspirer artificiellement.

Or, ces deux suppositions sont fausses. J’ai vécu un demi-siècle au milieu du