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tion ; et, sans trêve, on les vit en prières. Les cardinaux et les évêques prescrivirent partout des prières, et en firent eux-mêmes des plus étranges. Ainsi, l’évêque de Toulon, au lancement du cuirassé le Jauréguiberry, adressa sa prière au Dieu de la paix, tout en donnant à entendre que, le cas échéant, et il pourrait s’adresser aussi au Dieu de la guerre : « Dieu seul, dit-il, en parlant du navire, Dieu seul sait quel doit être son sort. Lancera-t-il la mort de ses flancs redoutables ? Nul ne le sait. Mais si, après avoir imploré ici le Dieu de la paix, il nous était réservé, dans la suite, d’implorer le Dieu des combats, le Jauréguiberry, nous en sommes sûrs, irait alors à l’ennemi, de conserve avec ces puissants navires, dont les équipages viennent de fraterniser avec