Page:Tolstoï - L’Esprit chrétien et le patriotisme.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

suis-je ? pensais-je. Que s’est-il passé ? Ne sent-on pas ici un courant d’amour et de fraternité, un sentiment sublime, idéal, qu’on n’éprouve qu’aux minutes solennelles ! Mon cœur était plein de sensations si belles, si pures, si élevées, que ma plume ne peut les rendre. Les mots font pâle figure auprès de ce que j’ai vu, de ce que j’ai ressenti. Ce n’était pas de l’enthousiasme, ce mot est trop banal : c’était plus encore, c’était quelque chose de plus pittoresque, de plus profond, de plus joyeux, de plus varié. Rien ne saurait exprimer ce qu’on éprouva lorsque, au balcon du Cercle militaire, l’amiral Avelane parut. Les mots ici n’exprimeraient rien. Durant la prière, tandis que les chantres entonnaient : « Sauve, ô Seigneur, tes créatures, »