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« En vérité, ce fut un événement d’une portée universelle, qui vous frappait d’étonnement, vous touchait aux larmes, qui élevait l’âme et faisait courir en vous ce frisson d’amour grâce auquel on voit dans tous les hommes des frères, grâce auquel on se prend à détester l’effusion du sang et les annexions violentes qui arrachent des enfants à leur mère.

« Durant quelques heures, je vécus comme dans un brouillard. J’éprouvais un sentiment étrange et presque accablant, à me voir, à la gare de Lyon, au milieu des représentants de l’administration française en uniformes brodés d’or, et des conseillers municipaux en habit, d’entendre crier : « Vive la Russie ! » « Vive le tsar ! » tandis que notre Hymne national retentissait. Où