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abêtir le peuple. Ensuite, on rassemble, par force ou en les corrompant, quelques milliers de personnes, et, lorsque cette foule, à laquelle se mêlent encore les badauds toujours prêts à regarder un spectacle, lorsque cette foule, au bruit des salves d’artillerie, au son de la musique, à la vue des magnificences étalées et des illuminations, répète les cris qu’on lui souffle, on nous dit que c’est là l’expression des sentiments de tout un peuple. Mais, d’abord, ces quelques milliers de personnes qui poussent des vivats à chaque réjouissance publique, ne forment qu’une infime partie des millions d’hommes qui constituent le peuple ; en second lieu, parmi ces dix mille personnes qui crient en agitant leurs chapeaux, la moitié au moins ont été, sinon