trois roubles, il saura bien les trouver et les prendre quand il en sentira la nécessité. Travailler, il l’apprendra sans vous, comme il apprit à respirer. Il a besoin de ce à quoi aboutit votre vie, et celle de vos dix générations que n’écrasa point le travail ; vous avez eu le temps de chercher, de penser, de souffrir ; donnez-lui donc le résultat de vos souffrances ; — de cela seul il a besoin. Mais, vous, comme le sacrificateur d’Egypte, vous vous dérobez à ses regards par un voile mystérieux, vous enfouissez dans le sol le trésor de la science que vous légua l’histoire. N’ayez crainte : à l’homme, rien d’humain ne nuit. Vous en doutez ? Abandonnez-vous au sentiment, le sentiment ne vous trompera pas. Confiez le paysan à la nature, et vous verrez qu’il y puisera ce que l’histoire vous chargea de lui transmettre, ce que vos propres souffrances ont élaboré en vous.
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