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Fedka donc trouvait que le tilleul est beau avec ses feuilles, et qu’en été, c’est un plaisir de le regarder, et qu’il n’en faut pas davantage. Prognka estimait qu’il est regrettable de le couper, parce que l’arbre est aussi un être vivant.

— Car c’est comme du sang, quand nous buvons la sève du bouleau.

Semka ne disait rien, mais il pensait visiblement qu’il offre moins d’utilité, une fois pourri. Il me serait difficile de répéter tous les propos que nous échangeâmes alors, mais je me souviens que nous dîmes, à mon sens, tout ce qu’on peut dire sur l’utilité, sur la beauté plastique et morale.

Nous nous dirigeâmes vers le village. Fedka ne lâchait pas ma main, en signe de reconnaissance, me semblait-il maintenant. Depuis longtemps, une pareille intimité n’avait pas régné entre nous. Prognka cheminait à côté de nous, sur le large chemin du village.