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Et nous en vînmes à conclure qu’en dehors de l’utile, il y a la beauté, et que l’art, c’est la beauté, et nous comprimes l’un et l’autre, et Fedka comprit tout à fait pourquoi le tilleul croît et pourquoi chanter.

Prognka tomba d’accord avec nous, mais lui comprenait mieux la beauté morale, — le bien.

Semka, grâce à sa grande intelligence, comprenait aussi, mais il ne séparait pas le beau de l’utile. Il doutait, comme il arrive assez souvent aux gens de grande intelligence, qui, reconnaissant que l’art est une force, ne sentent point dans leur âme la nécessité de cette force. Comme eux, il voulait, lui aussi, arriver à l’art par l’intelligence, et allumer en lui cette flamme.

— Nous chanterons demain le psaume : « Je suis… » je sais ma partie.

Il a l’oreille juste, mais il manque de goût et de grâce dans le chant.