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Il m’est arrivé de voir, dans une école paysanne, une dame, désireuse de caresser un garçonnet, lui dire : « Allons, je vais t’embrasser, mon bijou ! » et l’embrasser ; et lui, honteux, offensé, ne comprenait point qu’on l’eût ainsi traité.

Un garçon de cinq ans évite ces caresses : c’est déjà un homme.

Aussi fus-je surpris lorsque Fedka, qui marchait à côté de moi, au passage le plus émouvant de l’histoire, me frôla tout à coup avec sa manche, puis, me saisissant deux doigts à pleine main, me les tint serrés. Dès que je me taisais, Fedka me priait de reprendre, avec une voix si suppliante, si émue, qu’il était impossible de refuser.

— Et toi, ôte-toi de devant ! dit-il une fois d’un ton bourru à Prognka, qui trottait en avant.

Il en devenait cruel, tant il était remué terriblement et délicieusement, en tenant tou-