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par-ci par-là des voix d’enfants qui, dans leur fièvre d’amour-propre, ne peuvent se retenir de souffler au maître. Mais un vieux récit qu’ils aiment, ils prient le maître de le leur répéter mot à mot, et ils ne souffrent pas qu’on l’interrompe :

— Hé ! toi, tu n’as pas de patience ! Tais-toi ! crient-ils à celui qui se met en avant.

Ils voient avec peine qu’une interruption altère le caractère et la beauté du récit du maître. Dans les derniers temps, on leur contait la vie du Christ. À chaque fois, ils la redemandaient dans tous ses détails. Si l’on ne la leur redisait tout entière, ils complétaient eux-mêmes le reniement de Pierre et les souffrances du Sauveur.

Il semble que tout soit mort, rien ne remue : ne dorment-ils pas ? Tu t’avances dans la pénombre, tu regardes le visage de l’un des petits : il est assis, couvant des yeux le maître ; l’attention lui fronce les sourcils ; pour la