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dans la classe. Il fait presque nuit derrière les vitres gelées ; les aînés, les meilleurs élèves, poussés par leurs camarades tout proche du maître, et levant leurs petites têtes, tiennent leurs regards attachés sur sa bouche. La fillette de la cour, toujours perchée sur une haute table, le visage préoccupé, a l’air d’avaler chaque mot.

Un peu plus loin sont assis les moins bons élèves, puis les petits ; ces derniers écoutent, attentifs et même renfrognés, dans la même attitude que les grands ; mais, malgré toute leur attention, nous savons qu’ils ne répéteront rien, quoique ayant retenu bien des choses dans leur mémoire. Qui s’appuie sur les épaules du voisin, qui se dresse debout sur une table. Parfois l’un d’eux, s’étant glissé dans la foule, derrière un dos, s’occupe à tracer avec l’ongle des figures sur ce dos.

Quand on entame un nouveau récit, tous écoutent pétrifiés. À la reprise, — on entend