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de criailleurs, répétant les derniers mots uniquement par amour du tapage. Il faut que ce plaisir du bruit ne devienne pas leur but principal, leur principal souci. Il faut mettre à l’épreuve tel ou tel, s’il peut, tout seul, raconter tout, et s’il s’est bien assimilé le sens. Si les élèves sont trop nombreux, il faut les diviser par sections et les obliger de raconter entre eux, d’une section à l’autre.

Il ne faut pas s’inquiéter, si parfois un nouveau reste un mois sans ouvrir la bouche. Il suffit de le surveiller, — s’il est attentif au récit ou à quelque chose d’autre. D’ordinaire, le nouvel arrivant ne saisit d’abord que les détails matériels, et il s’applique tout entier à observer comment on est assis, comment se meuvent les lèvres du maître, comment tous, subitement, se mettent à crier ; si c’est un enfant tranquille, il s’assied exactement comme les autres ; s’il est tapageur, alors, comme les autres, il commence à crier, sans rien retenir,