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répondre ainsi seul, rien de plus funeste que les rapports de supérieur à subordonné qui en résultent entre le maître et l’élève ; rien ne me révolte plus que ce spectacle d’un homme qui torture un enfant, sans avoir aucun droit pour cela. L’instituteur sait bien que l’élève souffre de se tenir, rougissant et suant, debout devant lui ; lui-même trouve cela ennuyeux et difficile ; mais il a une règle, il faut accoutumer l’élève à parler seul.

Mais pourquoi l’accoutumer à parler seul ? — Cela, personne ne le sait. Sans doute pour lui faire lire une petite fable devant Son Excellence ? On me dira peut-être qu’on ne saurait sans cela déterminer son degré de savoir. À quoi je riposterai qu’il est en effet impossible à un étranger de déterminer, en une heure de temps, le savoir de l’élève, mais que le maître, lui, pour être édifié, n’a jamais besoin d’examens ni de réponses. Il me semble que ce procédé d’interrogation individuelle est un ves-