Page:Tolstoï - L’École de Yasnaïa Poliana, 1888.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.

celui-ci commence-t-il à s’embrouiller, il en appelle d’autres. S’il s’aperçoit que quelques-uns n’ont pas compris, il fait répéter pour ceux-là l’un des meilleurs élèves.

Ce n’est point là une méthode imaginée de toutes pièces ; elle s’est faite d’elle-même et s’applique toujours avec le même succès, que les écoliers soient cinq ou trente. Lorsque le maître les a tous, il ne les laisse pas crier en répétant les phrases déjà dites ; il ne laisse pas le bruit s’exaspérer jusqu’à la rage, il canalise, autant que besoin est, ce torrent d’animation joyeuse et de fougueuse émulation.

En été, les visites fréquentes, le changement des instituteurs, modifièrent cet ordre de choses, et l’enseignement de l’histoire alla périclitant. Le maître nouveau ne comprenait rien à tous ces cris ; il lui semblait que ceux qui racontaient au milieu du bruit ne racontaient que pour eux seuls, et qu’on criait uniquement pour le plaisir de crier ; mais sur-