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chaque année, il nous arrive trois ou quatre adultes, pour un mois, parfois pour tout l’hiver ; puis ils nous quittent tout à fait. Pour ces adultes, qui viennent un par un, le régime de l’école est des plus incommodes. Leur âge, leur amour-propre, les empêchent de participer à l’animation de l’école, de se mêler aux enfants, et ils demeurent absolument isolés. Le mouvement de l’école ne fait que les gêner. Ils viennent là, pour la plupart, sachant déjà quelque chose, achever de s’instruire, dans la conviction que l’étude consiste uniquement et toujours dans la lecture des mêmes livres qu’ils ont déjà lus ou entendus lire auparavant. Pour venir à l’école, il lui a fallu surmonter sa crainte, subir les orages des siens et les railleries des camarades :

— Voyez-vous, quel cheval hongre ! il va à l’école !

Et, en outre, il sent que chaque jour passé à l’école est un jour perdu pour le travail, qui