Page:Tolstoï - Katia.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.

je cessai de jouer. Il sourit aussi, pencha la tête sur les notes d’un air de reproche, comme pour me demander de continuer. Quand j’eus fini, la lune, tout au sommet de sa course, jetait de vives lueurs, et à côté de la faible flamme des bougies, versait dans la pièce, par les fenêtres, des flots d’une autre clarté tout argentine qui inondait le parquet de ses reflets. Macha dit que ce que je faisais ne ressemblait à rien, que je m’étais arrêtée au plus bel endroit, et que, d’ailleurs, j’avais mal joué ; il protesta au contraire que jamais je n’avais mieux réussi que ce jour-là, puis il se mit à arpenter, de la salle au salon, qui était obscur, et de nouveau du salon à la salle, et chaque fois il me regardait en souriant. Je souriais aussi, et même sans cause aucune ; j’avais envie de rire, tant j’étais heureuse de ce qui s’était