atteinte à mon tour ; je rougis, je m’écartai de lui, ne sachant plus que lui dire, et je me mis à cueillir des fruits que je ne savais où mettre. Je me faisais des reproches, je me repentais, j’avais peur, et il me semblait m’être, par cette démarche, à jamais perdue devant ses yeux. Nous restions ainsi tous les deux sans parler, et à tous deux ce silence pesait. Sonia, accourant avec la clef, nous tira de cette situation embarrassante. Nous persistions pourtant encore à ne point nous parler et nous nous adressions de préférence l’un et l’autre à Sonia. Quand nous fûmes retournés auprès de Macha, qui nous jura qu’elle n’avait pas dormi et qu’elle avait tout entendu, je me calmai, et, lui, il essaya de nouveau de reprendre son ton de protection paternelle. Mais cet essai ne lui réussit pas et ne me donna pas le change à moi-
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