Page:Tolstoï - Katia.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à l’exception de notre petit coin favori du jardin. De tous côtés cependant, au sein de cette chaleur et de cette poussière, aux feux de ce soleil ardent, un peuple de travailleurs jasait, plaisantait et se mouvait. Moi, je contemplais Macha, qui dormait doucement sur notre banc si frais, abritée sous son mouchoir de batiste, les cerises bien noires et au suc juteux sur cette assiette, nos robes légères et éblouissantes de propreté, dans la carafe l’eau limpide où jouaient les rayons irisés du soleil, et j’éprouvais un singulier bien-être. Qu’y a-t-il à faire ? pensai-je : suis-je donc coupable de me sentir si heureuse ? Mais comment répandre autour de soi son bonheur ? Comment et à qui se consacrer tout entière, soi et ce bonheur lui-même ?…

Le soleil avait déjà disparu derrière les têtes